Dis, tu vis à Sofia depuis quand ? ?	Sofia … C’est ma ville de naissance. J’ai toujours vécu là bien que mes parents se soient connus ailleurs. Donc forcément, je vis là depuis 23 ans.
T'as reçu la fameuse lettre anonyme ? T'en penses quoi ?	Je pense que cette lettre a totalement raison. Après tout, pourquoi se faire ch*er à respecter les codes si c’est pour se sentir privé de tout ? Autant profiter à fond de cette vie qui est déjà bien courte.
Tu dirais quoi sur ton caractère ?	En gros, qui suis-je ? Je suis une jeune femme bien élevée mais qui sait néanmoins s’amuser. J’aime la fête mais ce n’est pas pour autant que je me laisse aller dans les bras de n’importe qui. Je suis amoureuse et je ne me donne qu’à une seule personne quelle que soit la distance qui nous sépare l’un de l’autre. Bien sûre, je suis jalouse. J’ai peur qu’il aille vers une autre. Ce sont les risques de cet éloignement. Sinon, je suis généreuse et toujours à l’écoute de ceux qui en ont besoin. Et comme presque toutes les femmes, il m’arrive d’être sensible …
Sinon, tu aimes quoi dans la vie ?	Ce que j’aime ou qui j’aime ? Celui que j’aime s’appelle Jeremiah. Lui, le beau brun aux yeux bleus qui fait palpiter mon cœur d’une façon si rapide que je serais prête à me faire foudroyer d’une crise cardiaque. Mais si l’on ne parle pas de cet homme, j’aime les films à l’eau de rose. Je verse souvent une petite larme à la fin d’ailleurs ! Le chocolat que j’élimine avec beaucoup de sport et les animaux. Bah oui, ces petits bouts me font fondre sur place. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai un berger suisse Allemand prénommé Simba. Oui, comme le Roi Lion.
Quel est ton rêve le plus fou ?	Mon rêve … Le retrouver, sentir ses bras autour de moi comme pour me protéger. Que toutes ces foutues tensions s’arrêtent enfin et que l’on puisse vivre heureux, pour toujours. Qu’il me demande en mariage et que l’on ait de beaux enfants. Mon rêve, c’est de vivre une vie merveilleuse, loin du cliché du couple Américain. C’est-à-dire métro, boulot et dodo puis l’on se sépare une dizaine d’années plus tard. Mais, secrètement, j’aimerais me lancer dans la chanson. Me tenir sous les projecteurs m’a toujours attiré. Qui l’eut cru, moi la grande timide ?

Tout semble si simple. Il suffit d’un bruissement d’aile pour que tous nos soucis s’effacent. Notre jeune Bulgare le pensait vraiment. Mais son histoire a tourné court. Elle, la jolie brune toujours accompagnée de son acolyte Nikolaï. Des inséparables, des frères et sœurs. Qui aurait pu croire que tout se terminerait aussi rapidement ? Qu’à cause d’une lettre anonyme, leur destin serait séparé à jamais. Qu’un énorme fossé se creuserait entre eux ?
C’est ainsi que nous allons nous glisser dans la mémoire de notre jeune amie. Son journal intime, son meilleur ami. Elle y confie ses sentiments, ses doutes, ses peurs mais aussi ses joies. Elle la petite fille douce, gentille et aimante peut se retrouver jalouse. Mina est une forte tête et pourtant, seul lui peut vraiment la comprendre et cicatriser son cœur qui saigne abondamment depuis son départ. Une main douce et chaude, un corps qui attend l’autre, un regard azur qui ne peut que te regarder avancer vers l’avenir alors que la marche arrière est si simple …


Dis Nikolaï, toi et moi, ce sera comme nos parents ?
Comment ça comme nos parents ?
Bah on ne se séparera jamais.
Je te le promets Mina.

Ses bras ont enlacé mon cou alors que je posais ma tête sur son épaule en fermant les yeux. Nous avions à peine dix ans – enfin moi puisque lui était plus âgé de trois ans -. L’âge de l’innocence, l’âge où tout est possible. Une amitié qui dure déjà depuis cinq ans. Je l’aime mais n’ose pas lui dire. Et puis, qu’est-ce que l’amour à cet âge-là ? Quelque chose d’incompris, d’inconnu où l’on fait des choses dégoutantes. Je sentais sa peau sous ma joue, son souffle qui effleurait mon visage alors qu’il avait posé sa tête sur la mienne. Nous étions seuls au monde devant cette immense plage.

Hey Nikolaï, attends-moi !
Qu’est-ce que tu veux la naine ?
Juste t’accompagner en boîte.
Tu n’as pas l’âge et puis j’ai déjà des amis. J’ai pas besoin d’une gamine comme toi dans les pattes.

Je l’ai regardé s’éloigner alors que des larmes emplissaient mes yeux noisette. Comment nos relations ont-elles pu changer en six ans de temps ? Ses bras, son odeur, ses sourires étaient à présent loin pour moi. Il me manquait, terriblement. J’ai porté la main à mon cou pour saisir la fleur qu’il m’avait offert quelques années auparavant. Un cœur. Une promesse d’être toujours dans le sien. Mais apparemment, il avait oublié cette dernière. L’eau tombait du ciel et venait arroser mes joues déjà mouillées. Il m’avait oublié, remplacée par cette fille blonde. Cette fille que j’ai jalousé et à qui j’aurais volontiers planté un couteau en plein cœur pour me voler mon ami d’enfance. Celui dont j’étais tombée amoureuse sans réellement le vouloir …

Mina, réveilles-toi ma chérie.
Que se passe-t-il maman ?

Ma mère me lissa les cheveux avant de passer ses doigts dedans. Elle ne voulait pas me faire du mal. Mais rien que ce geste censé être réconfortant m’annonçait une mauvaise nouvelle. Nous avions reçu la lettre il y a à peine six mois. A 21 ans, j’avais dû choisir mon camp. Mais en fait, j’avais suivi ma famille. Je l’ai regardé dans les yeux avant de serrer les draps dans ma main. Si fort que mes phalanges protestèrent en craquant. Ma mère ne répondait pas à ma question. Était-ce si grave que ça ?

Maman, s’il te plaît … Dis-je d’une voix plaintive alors que ma voix se brisait, présageant déjà le pire.
Ils ont décidé de rester chez les Dragons.

Pas besoin de demander qui étaient ceux désignés par le mot « ils ». Je savais déjà qu’il s’agissait de la famille de Nikolaï.

Non, c’est faux. Dis-moi que c’est faux.

Mais le regard navré que ma génitrice me lança finit par me convaincre. A tout jamais, Nikolaï était parti de ma vie. Laissant un trou béant dans ma poitrine alors que nous nous étions quittés en mauvais termes la dernière fois que nous nous sommes vus. Je devais dire adieu à mes rêves, adieu à l’homme que j’aimais depuis maintenant dix ans. J’ai laissé échapper un cri de détresse alors que je me replongeais dans mon oreiller, voulant échapper à cette trahison.

Aujourd’hui, j’ai 23 ans. Il me manque toujours autant. Il était ma moitié, mon souffle de vie. C’est tellement simple de faire semblant devant les autres. Mais je sais qui je vois dans mon miroir. Je ne suis plus cette fille pleine de vie. Je ne suis que mon propre reflet. Cependant, je dois profiter de la vie. Pour ma famille, pour ma santé, pour mon camp …