Dis, tu vis à Sofia depuis quand ? ?	J'y vis depuis ... Depuis 6 ans il me semble. C'est peu et en même temps beaucoup. En arrivant ici j'ai laissé derrière moi tout ce que j'avais connu. C'était dur évidemment, mais finalement c'était également, sans doute, la meilleure chose à faire. Nous ne pouvons avancer lorsque nous n'avons de cesse de nous retourner sur notre passé. N'est ce pas ?
T'as reçu la fameuse lettre anonyme ? T'en penses quoi ?	Oui je l'ai reçu ... Et je dois dire que cette jolie lettre dégoulinant de sentiments à fini directement dans la poubelle. Non mais sérieusement vous y croyez vous ? Ouvrons les yeux, la vie ce n'est pas ça ! Tout n'est pas blanc, si on voyait la vie en rose on le saurait notre monde s'appellerait "le monde des bisonours" or ce n'est pas là bas qu'on vit. C'est sur la planète terre, pleine d'une humanité imparfaite. Cette lettre, c'était une blague géante.
Tu dirais quoi sur ton caractère ?	Beaucoup de gens disent que je suis froide, hautaine et sans coeur, ils ont peut-être raison. Peu savent que c'est uniquement une image que je renvois. J'ai peur des sentiments et jamais je ne les laisserais s'emparer de moi. Cette carapace c'est mon armure. Et je dois dire que jusqu'ici elle marche assez bien ! Insensible et libertine, j'aime jouer mais ne faites pas cette tête outré, on sait que tout le monde aime se laisser aller l'espace d'une seconde.
Sinon, tu aimes quoi dans la vie ?	J'aime la neige, quand elle tombe sur Oslo le matin, j'aime prendre une café en écoutant mes pas crisser sur cette étendue blanche en me rendant au travail. Mais ce que j'apprécie par dessus tout c'est mon métier. Je l'ai choisi et chaque matin je me dis que je l'ai BIEN choisis...
Quel est ton rêve le plus fou ?	Pour moi les rêves sont les secrets de l'âme or si je vous le révèle, ce n'en sera plus un... Alors essayez dont de deviner ;)

« Moi, c’est Liv-Astra, peu commun comme prénom n’est ce pas ? Si vous l’avez déjà entendu levez la main bien haute ! Personne ? Ca ne m’étonne pas ! Aujourd’hui j’ai vingt cinq ans et ma vie n’est pas plus extraordinaire que la votre. Je pourrais vous inventer des voyages ou des expériences inégalables pour vous en faire baver, je pourrais vous décrire une vie merveilleuse qui vous ferait mourir d’envie. Mais ce serait mentir. Si quelques uns d’entre vous on fait des recherches ils ont déjà pu découvrir que je n’étais pas née ici, ne faites pas ces têtes outrées je sais que c’est votre cas ! Et vous savez pourquoi je le sais ? Parce que vous êtes là depuis bien plus longtemps que moi et que pourtant, aujourd’hui, je suis devenue votre supérieur. Alors beaucoup me jalousent, beaucoup doivent penser que je suis passée sous le bureau pour avoir cette promotion, peut-être bien que c’est vrai après tout, qui sait. Vos sourires en coins ou effarouchés me prouvent d’ailleurs que je n’ai pas complètement tord. Mais je m’égare, si vous avez fait des recherches vous avez donc découvert que je suis née à Oslo, vous n’avez sans doute pas besoin d’en savoir plus … »

Et d’ailleurs s’ils savaient … S’ils savaient que ma famille n’est pas la riche famille bourgeoise qu’ils imaginent… Non messieurs, je ne suis pas cette petite fille pourrie gâtée qui se donne un genre en ayant l’air froide. Je ne corresponds peut être pas à vos attentes mais je ne suis pas arrivée là par hasard, je n’ai pas été placée ici grâce à mon cher papa… Non ! Cette fille que vous vous dessinez à votre gré ce n’est pas moi. S’ils savaient que mon quotidien a été la misère et l’absence d’une mère depuis l’âge de mes quinze ans. S’ils savaient que cette absence, pour une fille de cet âge, est insoutenable. Mais ils ne savent pas. Oui, c’est vrai, j’avais un bel appartement, mais c’était bien la seule chose ayant un semblant de classe dans mon paysage. Le loft dont nous avions hérité ne reflétait en rien l’infirmière qu’était ma mère, le soit disant « agent de promotion » qu’était mon père et la précarité qui nous accompagnait, mon frère jumeau et moi, dans cette famille où nous ne nous sentions, finalement, pas si à l’aise que ça. Ma vie n’a pas été un paradis, mes parents n’ont pas été des anges et nous avons été les fruits de la discorde. Jeune et insouciant, inconscient que nous brisions à petit feu le couple que nos parents avaient construits nous l’avons pourtant fait avec brio. Ce ne sont pas les cuillères en argent qui ont suivis mon enfance, mais les assiettes cassées au cours des disputes qui l’ont poursuivirent. Mais tout ça, ils ne le savent pas… Pas plus qu’ils ne se doutent, j’en suis certaine, que ma mère était l’une de ses femmes alcooliques qui perdent le contrôle d’elles même et que moi, comme tant d’autres, j’ai été celle qui la relevait et l’amenait jusqu’à son lit, avec la force candide de mes neuf ans.

« Aujourd’hui, donc, me voilà parmi vous pour longtemps je l’espère. Nous avons tous nos raisons pour avoir choisi ce métier et j’espère donc de tout cœur que nous ferons une belle équipe pour protéger cette ville. Au travail ! »

J’étais arrivé ici après mes études et j’avais su gravir les échelons rapidement. Un peu trop peut être au gout de certain collègues mais que voulez-vous, ainsi va la vie. Je n’aurais pas cru, étant jeune, finir ici et pourtant m’y voilà. Les révélations sur mon père et la disparition de ma mère avaient changé mon regard sur Oslo et malgré mon frère qui s’y trouvait toujours et qui avait été ma force depuis ma plus tendre enfance, je ne me sentais pas capable d’y rester encore. Il fallait que je change d’air, que je reprenne les reines de ma vie pour ne pas avoir de regrets. Je ne sais pas si l’endroit où je suis aujourd’hui est le meilleur, mais c’est celui qui me convient et c’est bien cela le plus important. Quelques temps après mon arrivée une lettre anonyme était arrivée, qui avait changé la façon de voir la vie de plusieurs habitants. Je ne l’avais vu que comme une ineptie singulière, l’œuvre d’une secte peut être. S’ils voulaient se bercer d’illusion et penser que la vie était belle et simple très bien pour eux, très peu pour moi… Les épreuves de ma vie avaient sut me prouver le contraire. Je suis pessimiste et vous savez quoi ? J'assume !