Dis, tu vis à Sofia depuis quand ? ?	Je suis arrivée à Sofia il y a un peu plus d’un an, étant la ville natale de ma mère, j’avais toujours eu l’impression que je ne serais complète qu’une fois avoir trouvé la part Bulgare de mon âme.
T'as reçu la fameuse lettre anonyme ? T'en penses quoi ?	J’ai effectivement reçu cette lettre, comme tous d’ailleurs. Et je pense que l’auteur a raison, la vie est un court voyage, on ne sait jamais ce qu’il peut arriver du jour au lendemain. Alors je profite de tous les bienfaits qu’elle m’offre, bien que je le faisais déjà en Angleterre, mais mon arrivée dans la ville m’a permis de tourner la page, de tout détruire pour mieux reconstruire, et cela incluant tous les plaisirs possibles et les envies dont je ressens le besoin d’assouvir.
Tu dirais quoi sur ton caractère ?	Je suis une force tranquille. Tout mon caractère –ou presque- réside en cette phrase. Il faut réellement me pousser à bout de nerf pour que je m’énerve. Rare sont les fois où j’entre en colère, mais méfiez-vous, je suis comme un vieux volcan. Si j’entre en éruption, ça risque de devenir phénoménal. Sinon, je dirais être quelqu’un de dynamique et souriante, j’ai beau être obstinée et parfois flemmarde, j’aime le contact avec les autres et je dois avouer être une grande bavarde. Après, mon caractère dépend également des situations et de mes interlocuteurs. Si je perçois que quelqu’un est plutôt impulsif ou colérique, je n’irais pas jusqu’à réveiller le dragon qui sommeille en lui, mais parfois, j’aime titiller et taquiner les gens jusqu’à devenir froide ou cynique si elle réagisse mal ou si je ne suis pas en bons termes avec eux. Oui, on pourrait donc dire que je suis plutôt adaptable, néanmoins, même si j’essaie de garder mon calme et mon self-control, il m’arrive de paniquer pour un rien.
Sinon, tu aimes quoi dans la vie ?	En premier lieu, j’aime aimer. Je ne cherche pas à me faire des ennemis, loin de là. A vrai dire, la phrase « plus on est de fous, plus on rit » me trotte dans la tête à longueur de journée. Mais je n’ai jamais trouvé le bon, le véritable amour qui saura faire chavirer mon cœur. Breeef, j’aime la photographie, j’en ai d’ailleurs fait mon métier. La danse est aussi une de mes passions, surtout la danse classique, il faut une certaine tenue, c’est vrai, cependant je trouve que c’est une danse gracieuse et élégante, et puis, qui n’a jamais voulu se pavaner en tutu rose devant une salle comble ? /pan/ Je participe à la plus part des fêtes et soirées organisées par mon cercle d’amis, je suis une grande fêtarde dans l’âme, et il ne se passe généralement pas une journée sans que j’éclate de rire. Mais peut-on dire qu’on aime rire ? J’en doute. Oh, j’oubliais, je suis une grande gourmande, je peux vous jurer que je fais peur à tous les macarons et les glaces dans les vitrines des pâtisseries. Lorsque j’ai du temps libre, je me balade dans un parc ou dans une forêt, au plus près de la nature, et là encore, il m’arrive de prendre des photos. Mon appareil c’est plus qu’un simple objet ou un accessoire, c’est comme un troisième bras pour moi.
Quel est ton rêve le plus fou ?	Parcourir le monde entier. Un peu commun me direz-vous, non ? Mais c’est vraiment mon rêve. J’aimerais visiter chaque pays, chaque continent, toujours en compagnie de mon fidèle appareil. Passer du temps aux quatre coins du monde, ne vivre que d’amour et de photo, ce serait génial. Que ce soit survivre dans les forêts intemporelles d’Alaska, admirer la barrière de corail en Océanie, passer un mois entier dans la ville américaine qui ne dort jamais, participer à la parade du carnaval de Rio ou encore dire bonjour aux petits enfants de Mumbai en Inde et leur venir en aide. Je serais l’héroïne de Mange, Prie, Aime Tome 2, mais en passant au travers de la planète entière. Mais pour le moment, j’ai entrepris de me poser à Sofia, tout en gardant cette idée de tour du monde dans un recoin de mon esprit.

« Maamaaaaan ! Noah, il m’a volé Princesse Flaviaaaa ! Dis-lui de me la rendre ! –Meuh ! C’est pas vrai d’abord ! Pas volée, j’ai trouvé ! –MAMAAAAAAAN ! » Les journées de mon enfance était toujours ainsi mouvementées. Je jouais avec mon frère puis me disputait avec lui, et seule notre mère avait la force de jouer le rôle d’arbitre durant nos querelles. Cette dernière d’ailleurs se prénommait Svetlana, d’origine bulgare, elle a rencontré mon père –Peter- lors d’une conférence de presse à Londres, étant tous les deux journalistes, j’ai souvent pensé que c’était de là que me venait mes envies de voyages, de photos et ma passion pour la littérature. Passons donc. Succombant à son charme so british et sur un réel coup de foudre selon eux, ils ont gardé contact et cela sans imaginer que quatre ans plus tard, ils seraient mariés et aurait leur premier enfant, moi-même, Roksana Ninah-Rose Woodward. Je suis née le premier jour du mois de Mai mille neuf-cent quatre-vingt-huit. Mon premier prénom me vient de ma grand-mère maternelle, le second est un mélange, à la fois celui d’un prénom aux origines slaves et l’autre celui d’une fleur, assez commun cependant. Mon frère lui, de quatre ans mon cadet, est né en mille-neuf cent quatre-vingt-douze. Autrefois, notre relation a été la copie-conforme de celle unissant frères et sœurs dans les films américains, deux gosses qui se chamaillent puis se réconcilient avec une facilité étonnante. Mais c’était autrefois, maintenant, j’ai grandi et lui aussi. Ma poupée adorée que je surnommais Princesse Flavia doit être en train de prendre la poussière dans un vieux carton dans le grenier de la maison de nos parents à Holmes Chapel alors que moi et mon frère avons décidé de sauter le pas, et de déménager à Sofia. Néanmoins, je pense que je vais vous récapituler les principales étapes de ma vie jusqu’à aujourd’hui, histoire que si confusion il y a, elle disparaisse.

Je suis donc née le premier mai 1988 dans la maternité d’un hôpital public de Northwich, mais j’ai vécu dans une petite maisonnette de briques rouges dans le village anglais d’Holmes Chapel situé dans le Nord-Ouest du Royaume-Uni, dans le comté du Cheshire. . Etant une petite fille comme les autres, je rêvais du prince charmant, je jouais à la poupée et à la dinette tout en parlant avec un ami imaginaire. Ma mère à l’époque avait obtenu un poste de chroniqueuse dans le journal local alors que mon père lui était reporter et donc souvent absent. Mais je l’aime beaucoup, et son amour est réciproque et bien qu’il n’était jamais habitué à voir gambader une petite tête blonde dans son salon, il ne s’énervait que très rarement, c’était un généreux bon-vivant qui riait de tout et il faisait de même pour son second enfant, son fils, Noah, né quatre ans après moi. De mes cinq jusqu’à mes onze ans, je suis allée à la Holmes Chapel Primary School, avant d’entrée jusqu’à mes dix-huit ans dans la Comprehensive School de la localité. J’ai eu mon premier petit-copain à seize ans, mais ce n’était rien de sérieux. A vrai dire, je n’étais pas très populaire, j’étais un peu le vilain petit canard au milieu des cygnes blancs. J’étais aussi souvent sujet de moqueries d’élèves peu intéressants et complètement stupides. Mais je suis passée outre, et aujourd’hui, j’en suis plutôt fière.

Après avoir passé le cap de mes dix-huit ans, mes parents m’ont fait le plus beau des cadeaux. Ils m’ont offert un billet d’avion pour Paris, capitale de l’amour et de la lumière, et en plus de ce billet se joignait un formulaire d’inscription aux Beaux-Arts. Ils avaient une section photographie des plus intéressantes, et depuis que j’avais dix ans environ, je vouais une véritable passion, non, un culte à la photographie. A chaque moment, chaque évènement, toutes les personnes de mon entourage sont passées devant l’objectif. Et c’est donc avec une joie inespérée que j’ai envoyé ma candidature dans cette prestigieuse école d’Art. J’ai été reçue, et me suis envolée pour la France. Bien sûr, je revenais en Angleterre dès que je le pouvais, pour Noël, Pâques et les vacances d’été. Le même rituel se répéta jusqu’à mes vingt-deux ans. Je fus diplômée, et j’étais retournée en Angleterre, en décidant par la suite de prendre une année plus ou moins sabbatique, de manière à pouvoir correctement m’installer et m’inscrire comme photographe d’Art indépendant. Mais c’est peu après être retournée à la maison que je sus qu’il me manquait quelque chose. Je me sentais incomplète, déchirée. Et plus j’y pensais, plus cette idée s’ancrait dans mon esprit. Je ne savais presque rien de la famille de ma mère ou de son pays natal, la Bulgarie. Je pris donc mon courage à deux mains et, réunissant toutes mes économies, je partis pour Sofia.

Actuellement je vis dans un petit appartement de la ville. La « lettre » m’a fait comprendre que je devais profiter de chaque instant. Mon appareil photo fétiche à la main, je parcours les rues de la ville, prend des dizaines de photos, jusqu’à avoir l’envie d’installer mon petit commerce. Bien que je ne sois pas encore célèbre, je cherche à me faire connaître, tout en me répétant que nous ne sommes pas éternellement jeune.